Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, le panafricaniste Kèmi Séba a laissé entendre que les entreprises françaises contrôlent massivement l’économie béninoise. Il affirme que des largesses sont accordées aux entreprises françaises alors que celles béninoises sont surtaxées par le même gouvernement.

Le panafricaniste Kèmi Séba a tenu ce discours qui tente de faire croire à l’opinion publique que le gouvernement béninois fait du deux poids deux mesures en matière de fiscalité. Sa vidéo devenue très virale sur les médias sociaux a reçu une avalanche de like et de commentaire des followers. Ce qui indique, à tout point de vue, un engagement des Béninois suite à des informations venant d’un homme qui inspire respect et confiance de plus d’un. Seulement, Robert Kapo-Chichi surnomé Kèmi Séba n’a brandi aucun chiffre encore moins une source pour prouver ses allégations. De telles déclarations nous ont amenés à procéder à des vérifications des chiffres.

Inexactitude des informations de Kèmi Séba

Bénin Check a vérifié par tous les moyens, les déclarations tendancieuses de Kèmi Séba. D’abord, la Convention fiscale entre la France et le Bénin signée le 27 février 1975 à Cotonou, vise à éviter la double imposition et prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu, les successions, les droits d’enregistrement et de timbre. Ce qui signifie, de toute évidence, que les entreprises françaises exerçant sur le territoire béninois sont assujetties au même régime d’imposition que les entreprises béninoises. L’administration fiscale n’a pas à distinguer les entreprises, selon qu’elles soient locales ou étrangères.

Le même document indique que les biens immobiliers sont imposés dans le pays où l’entreprise est implantée. C’est-à-dire au Bénin, dans le cas d’espèce. Les traitements salariaux, sont imposés généralement dans le pays de résidence. Ce qui est en porte à faux avec les déclarations du panafricaniste Kèmi Séba. Car, une commission mixte existe pour résoudre les litiges ou les interprétations divergentes, le cas échéant.

Par ailleurs, en 2023, la France ne représentait que 8,6 % des importations du Bénin, derrière l’Inde (17,1 %) et la Chine (12,8 %). Ce niveau modeste montre que la France n’est pas le partenaire économique dominant au Bénin. Historiquement, les IDE (investissements directs étrangers) français ont certes augmenté, passant de 5,9 milliards € en 2000 à 52,6 milliards € en 2017 en Afrique, mais la part de la France a globalement diminué, notamment face à la montée des investissements chinois et autres. De ce qui précède, il s’en suit que l’influence économique française au Bénin existe, mais elle n’est ni écrasante ni écrite en lettres d’or. La diversité des partenaires (Inde, Chine, pays africains) montre une dynamique bien plus équilibrée.

De même, les filiales ou succursales de groupes étrangers sont soumises aux mêmes règles fiscales que les sociétés béninoises locales. Il n’y a pas de surtaxation ciblée sur les entreprises nationales. Pour rappel, jusqu’à preuve du contraire, le taux de l’impôt sur les sociétés au Bénin est fixé à 30 %, selon le site Lloyds Bank Trade. Il est identique pour les entreprises nationales et étrangères. Ce taux est dans la moyenne ouest-africaine, et comparable à celui du Sénégal (30 %) ou du Burkina Faso (27,5 %). Il n’y a donc aucune preuve de surtaxation spécifique à l’encontre des entreprises béninoises. Selon Doing Business 2020, la charge fiscale totale représente environ 48,9 % du bénéfice un niveau similaire à l’Allemagne (48,8 %) et au-dessus de la moyenne US (36,6 %).

En somme, les déclarations de Kèmi Séba reposent sur une vision exagérée et biaisée de la réalité économique béninoise. Les entreprises françaises ne « contrôlent pas massivement » l’économie du Bénin. Les entreprises béninoises ne sont pas surtaxées comparativement aux standards régionaux ou internationaux. Enfin le Bénin applique une fiscalité stable et équitable, ouverte à la concurrence, et orientée vers la diversification des partenaires.

Cette vérification a été effectuée et l’article a été rédigé puis publié par Parfait FOLLY.

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