Une publication sur les réseaux sociaux et relayée notamment sur Whatsapp alerte sur le paracétamol portant l’inscription P 500. Selon elle, ce médicament ou comprimé serait dangereux pour la santé. « AVERTISSEMENT URGENT ! Attention à ne pas prendre de paracétamol qui est écrit P 500. C’est un nouveau paracétamol très blanc et brillant. Les médecins conseillent qu’il contienne le virus « Machupo », considéré comme l’un des virus les plus dangereux au monde, avec un taux de mortalité élevé. S’il vous plaît, partagez ce message avec toutes les personnes figurant dans votre liste de contacts ainsi qu’avec votre famille, et sauvez une ou plusieurs vies… J’ai fait ma part, maintenant c’est votre tour. Rappelez-vous que Dieu aide ceux qui aident les autres eux-mêmes ! Transmis tel que reçu », affirme ladite publication. Elle a été accompagnée d’une image de quelqu’un dont tout le corps est affecté par des plaies. Sauf qu’il n’y a aucun rapport entre la photo et le texte.
L’information circule dans le but de sensibiliser les populations. Tout n’est pas faux cependant. L’image illustrative est bien réelle. Il s’agit d’une personne atteinte d’un virus, mais il ne s’agit pas de celui du Machupo. Ce dernier sévit plus principalement en Amérique du Sud. C’est ce que rapporte la fiche technique de l’Agence de la santé publique du Canada datant de 2010.
« Le virus Machupo sévit principalement en Bolivie et dans les régions avoisinantes. La prévalence du virus Machupo se limite aux régions où vivent les hôtes spécifiques (rongeurs), que l’on retrouve habituellement dans les prairies tropicales et les forêts tempérées, les plaines de l’Est bolivien, le Nord du Paraguay et l’Ouest du Brésil. De 1962 à 1964, la Bolivie a connu une épidémie au cours de laquelle plus de 1 000 cas ont été recensés. Ce phénomène coïncide avec l’augmentation de la population de rongeurs du genre Calomys (souris vespérale), et le taux de mortalité a atteint 18 % », peut-on y lire.
De son côté, l’Université du Wisconsin-Stevens Point située aux USA a ajouté que le « Calomys callosus est largement répandu en Amérique du Sud, de l’Argentine à l’est et au sud-ouest du Brésil et au Paraguay. Il s’agit de l’un des genres de rongeurs néotropicaux les plus répandus ». Cela permet d’abord de comprendre que l’agent pathogène du virus Machupo n’est pas en Afrique. Il y a donc peu de chances de retrouver un tel fléau sur notre continent, encore moins au Bénin.
Comment se transmet le virus Machupo ?
Pour y revenir, la transmission du virus Machupo telle que présentée par la fameuse publication n’est pas tout à fait vérifiée. Le rapport de l’Agence de la santé publique du Canada le stipule si bien. Le mal est transmis par un rongeur spécifique appelé Calomys callosus. Le paracétamol ne serait donc pas un vecteur de transmission. C’est ce que confirme le Docteur Fabrice Sètondji. « Il est important de préciser qu’il n’existe pas une évidence scientifique entre le virus machupo et les médicaments de paracétamol. Le paracétamol, s’il est utilisé selon les recommandations médicales, est un médicament sûr et très efficace pour traiter la douleur et la fièvre », confie le médecin de traitement des épidémies à Abomey-Calavi, notamment dans la prise en charge des maladies infectieuses et épidémiques. Pour ce qui est de la transmission, il serait d’ailleurs impossible au virus Machupo de survivre dans un comprimé tel que le paracétamol. « Il a besoin d’une cellule pour se répliquer. Il lui faut donc un environnement humide et une faible température », explique Vivian Luchsinger, chercheuse à la Faculté de Médecine de l’Université du Chili.
De quoi s’agit-il sur l’image ?
La fausse publication concernant le paracétamol P500 laisse croire que le patient présenté sur la photo a contracté le virus Machupo. Mais ce n’est pas du tout le cas. Il s’agit d’une toute autre maladie. « Les images associées à cette publication nous montrent des lésions qui ressemblent plutôt à celles d’une autre épidémie qui est celle de monkeypox, appelée vulgairement « variole du singe ». C’est une maladie virale qui n’a absolument aucun lien avec le paracétamol », précise Fabrice Sètondji.
L’épidémiologiste a renchéri. Il est revenu sur la question du paracétamol qui serait vecteur d’un virus. D’après ses dires, autant ne pas s’y fier du tout. « C’est une image qui est vraisemblablement en rapport avec le monkeypox qui est actuellement en période de flambée dans certains pays d’Afrique, dont la RDC. En ce qui concerne le P500, il s’agit simplement d’une marque générique de paracétamol qui est utilisée dans de nombreux pays, y compris en Inde. Et il n’y a aucune preuve scientifique ni de rapport officiel indiquant qu’il contient de virus », explique Fabrice Sètondji.
Ce n’est pas une première !
La publication qui fait l’objet de cet article a autrefois existé. Une information dans le même genre avait été publiée il y a plusieurs années. Une page dénommée Planète des vertueuses sur Facebook en a fait mention dans un post en date du 14 janvier 2019. « Soyez prudent. Ne prenez pas un PARACÉTAMOL qui vient avec une Mention P/500. C’est un nouveau type de paracétamol, d’une couleur très blanchâtre. Les docteurs ont prouvé que le médicament (paracétamol) contient le virus « Machupo », considéré comme un des virus les plus dangereux au monde avec un degré de mortalité élevé. S’il vous plaît, veuillez partager ce message à tout le monde et à vos familles. Protégeons nos vies ainsi que les leurs. Je fais ma part, et c’est à ton tour de faire la tienne », lit-on. Ce post a fait des milliers de réactions (4 400 j’aime, 1 700 commentaires et 38 000 commentaires). La propagande continue donc depuis tout ce temps.
Une rumeur infondée
On se rend bien compte que le partage de l’information continue sur les réseaux sociaux malgré tout. Cela pourrait faire beaucoup de victimes. C’est d’ailleurs ce sur quoi Fabrice Sètondji attire l’attention de tous. « Je demande à tout un chacun de vérifier les informations qui leur parviennent. On est à l’ère des réseaux sociaux où tout est envoyé. Il suffit d’un clic et il y a une psychose qui est créée généralement par des faits qui ne sont pas fondés. Ce sont des publications alarmistes qui ne sont pas basées sur des preuves scientifiques. Il faut vraiment faire attention par rapport à ces publications. Il faut dans un premier temps vérifier toujours les informations que vous avez en consultant les sources fiables, du gouvernement, du ministère de la santé, de l’OMS. Il ne faut pas partager sans confirmation surtout, afin de ne pas contribuer à faire circuler l’infodémie », recommande-t-il.
ll a profité pour inviter tout le monde à la vigilance. « En conclusion, le public doit savoir que cette publication est une rumeur qui reste infondée. Il faut rester vigilant et éviter de contribuer à la désinformation », déclare Fabrice Sètondji pour finir.
Verdict
Faux, le paracétamol P 500 ne contient pas le virus Machupo, ni aucun autre virus.
Cette vérification a été effectuée, et l’article a été rédigé puis publié par Voldi HOUNVIO, fact-checker de Bénin Check.


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