La publication d’une image impliquant la France et la Centrafrique fait circuler une fausse information sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Il s’agit d’une correspondance que le ministre des armées de France, Sébastien Lecornu, aurait envoyée à l’ambassadeur de la France en Centrafrique. Cette lettre en date du 19 novembre 2024, fait croire que de supposés « essais d’armes létales de grande puissance sur le territoire de la République centrafricaine » seraient en préparation. Mais rien de tout cela n’est vrai. 


L’image en question témoigne d’une missive envoyée par le ministre Sébastien Lecornu à l’ambassadeur de la France en Centrafrique. Elle a été relayée par plusieurs pages sur X et sur Facebook. C’est le cas du compte Le Liptako Gourma qui l’a aussi publiée le 3 décembre 2024. Sa publication sur X a suscité pas mal de réactions, que ce soit pour contester ou pour encourager. On peut constater qu’elle a drainé 54 000 vues, 119 commentaires, 153 partages, 310 j’aimes et 65 ajouts aux signets. « En poursuivant notre conversation précédente, je m’empresse de vous informer du passage à une phase active des préparatifs des essais d’armes létales de grande puissance sur le territoire de la République centrafricaine. Je sollicite votre assistance pour le transfert discret de notre personnel et de notre cargaison vers les lieux précédemment convenus par nous pour les essais. D’autres informations sur l’opération seront discutées via des canaux de communication sécurisés. J’espère que vous comprenez que garder l’opération secrète est notre priorité commune », lit-on sur cette lettre publiée impliquant le ministre des armées de France. Plusieurs autres pages sur Facebook l’ont également relayée.

Une réaction immédiate !

Une telle information, même si elle est fausse, est très grave. Les autorités françaises ont aussitôt réagi pour rassurer les Centrafricains, mais aussi tous ceux qui pourraient être touchés par cette propagande. Cela s’est matérialisé par un communiqué de presse de l’Ambassade de la France en Centrafrique. Un document en date du 3 décembre 2024 dans lequel le camp français nie tout en bloc. Il condamne et dénonce une « attaque informationnelle ».

« Ce jour, l’ambassade de France a constaté avec consternation la publication d’un courrier, prétendument signé par le ministre français des Armées et des Anciens combattants, M. Sébastien Lecornu, et prétendument adressé à l’ambassadeur, Haut représentant de la République française en République centrafricaine. Ce document circule sur les réseaux. Le document est un faux, tant dans sa forme que dans l’objet qu’il traite, et cette ambassade dément avec la plus grande vigueur les propos délirants, rapportés à M. Lecornu. Ils relèvent de l’imagination de ses auteurs, qui veulent délibérément nuire à la qualité des relations diplomatiques franco-centrafricaines », renseigne le document. 

Un démenti formel, mais pas suffisant

Dans un contexte où elle est critiquée, la République française a besoin d’en faire plus pour convaincre. Un simple démenti ne fera pas l’affaire. Il faut prouver par d’autres moyens qu’il s’agit bien d’une situation montée de toute pièce. Et pour ce faire, il a fallu analyser ladite lettre. Le hic se situe au niveau de la signature du ministre Sébastien Lecornu. 

Sur le faux document publié, la signature présente des traits de similitude par rapport à l’authentique. Cependant, elle présente des différences subtiles comme des variations dans la taille des boucles, l’angle des traits et la fluidité de l’écriture. On sent comme une hésitation au moment de signer. Comparée à la signature du ministre Sébastien Lecornu qu’on constate généralement sur les documents officiels et autres, la distinction est frappante. 

Des termes inhabituels employés 

Sur la fausse image, l’auteur a fait usage de certains termes qui sautent aux yeux. Les expressions utilisées dans ce document falsifié diffèrent considérablement du jargon officiel militaire ou diplomatique. Ces deux domaines ont une certaine façon de communiquer, quitte à paraître moins « cru » dans les propos. On fait dans ce cas recours à un registre soutenu puisqu’il s’agit d’une affaire d’ordres diplomatique et administratif. 

Pour dire « phase active des préparatifs des essais d’armes létales à grande puissance« , les militaires pourraient par exemple parler de « phase opérationnelle de la préparation des tests d’armes à haut potentiel destructif« . Chez les diplomates, on peut faire recours à un registre plus soutenu. Cela peut être « phase avancée des préparatifs pour les essais d’armement à haute capacité létale« . 

Verdict 

De tout ce qui précède, on peut dire qu’un tel document n’est pas signé par le ministre des armées de France, Sébastien Lecornu. L’information qu’il véhicule n’est donc pas crédible. 

Cette vérification a été effectuée, et l’article a été rédigé puis publié par Voldi HOUNVIO, fact-checker de Bénin Check.

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